10 décembre 2010

Je bois plus de bière que d’eau

Petites anecdotes, merveilles, rires, dangers et tant d’aventures à conter qu’il me faut synthétiser un minimum sous peine d’écrire un roman à chaque étape de mon voyage. Continuez à commenter, ça fait plaisir d’avoir de vos nouvelles.

Après 5 heures de bus, je suis enfin arrivé à Vong Vieng. J’ai fais la rencontre de Natasha (Portugaise-Brésilienne qui paraît anglaise) dans le bus et on décide de chercher une guesthouse ensemble. On trouve de superbes bungalows pour 3€ la nuit.

Le lendemain sera plus excitant car, à première vue, cet endroit rempli d’English pure souche ne me plaisait pas du tout.

La principale attraction de cette ville est le tubbing. C’est une grosse chambre à air de camion peinte en jaune qui vous porte le long de la rivière. Le principe est assez comique : les employés des bars sur les berges vous lancent une corde pour vous attirer et vous inciter à consommer le maximum d’alcool possible. Imaginez qu’a chaque bar vous ingurgitez une Beerlao (bière locale de 75cl). Après 4-5 bars vous avez déjà la tête qui tourne. En plus, il y a des jumps et toboggans pour pimenter l’expérience. Au dernier bar, une pancarte vous invite à acheter un bukket (sceau d’alcool) pour recevoir un “free joint”. La dernière partie de glissade sur la rivière était pour le moins “spatiale” dans un décors à couper le souffle. Des dizaines de bouées jaunes avec des gens complètement pétés avec la nature sauvage et tropicale omniprésente pour vous rappeler que nous ne sommes que des fourmis. De retour en ville, douche, resto, discussion avec une étoile de mer et dodo.  Je ne suis pas mécontent de quitter cet endroit le lendemain. Direction la capitale, Vientiane.

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Je loue un scooter, je me balade dans la capitale et ses marchés et je réserve pour le lendemain une Honda XR 250 pour 5 jours. Le soir, je vais au bar belge. Je m’installe au comptoir et fais la rencontre de Vincent, le proprio originaire d’Arlon, de Jérôme un français bossant comme assistant à l’hôpital de l’ambassade de France et du Roi, Alain, un vieux patriote exilé au Laos qui est révolté par notre situation politique actuelle et qui tient profondément à exprimer son point de vue pendant des heures et des heures. On boit quelques coups ensemble et ils m’invitent à passer la soirée ensemble. Nous allons dans un premier bar puis dans une disco ou je fais la rencontre d’une très jolie lao. La nuit fut bonne.

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Le jour se lève et avec la gueule de bois j’installe mon sac sur la 250. Commence alors un aperçu de ce que sera ma vie pendant 6 mois en Amérique du sud: que du plaisir. Je décide de sortir de la route asphaltée pour les petit chemins sablonneux. Ces derniers m’ont donné quelques frayeurs au début car rouler dans une couche de poussière de 15 centimètres par endroit correspond à un chemin de Paris-Dakar. En tant que motard averti, je sais pertinemment qu’il ne faut surtout pas freiner dans ce genre de situation sous peine de glisser de la roue avant. Au contraire, il faut accélérer. Une fois les réflex acquis, je trace me route pendant 300 km le premier jour. Je tiens à préciser que je roule en short et t-shirt. En lisant ceci, ma mère doit certainement tomber de sa chaise. Pardon Mamilou, je reste prudent néanmoins. :-) DSC08010

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Je trouve une guesthouse et rencontre 2 allemands avec qui je passe une agréable soirée à discuter expériences de voyage et philosophie de la vie.

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La route jusqu’à Lak Sao en matinée sera prudente et asphaltée. Par contre, le chemin empreinté jusqu’à Thalang l’après midi était tellement dégradé que je roulais à du 25 km/h max pendant 80 km. Pénible! Mais quelle agréable surprise lorsque j’apercevais enfin ces décors apocalyptiques dont on m’avait parlé à Vientiane. Décors d’arbres morts dans une eau noire inerte dont la réflexion était un miroir parfait de l’horizon et du ciel. Une beauté morbide mais qui laissait sans voix. Maintes fois, je m’arrêtais pour prendre des photos ou juste contempler sans bouger face à ce spectacle interprétée par mère nature. Plus tard, j’appris que cette soudaine montée de l’eau causant la mort de centaines de millier d’arbres était due à la création d’un barrage en aval. La pénombre s”installait et je commençais à paniquer de devoir rouler dans le noir. Même si ma moto était pourvue de 2 grands phares éclairant à plus de 70m, je ne voulais absolument pas rouler de nuit. S’installa l’idée de quémander un endroit où loger dans une tribu autochtone. Par chance, le prochain village disposait de 2 guesthouses. Je m’empressais alors de louer un bungalow. Je fis la rencontre de Jarno et Arjen, 2 hollandais avec qui je n’ai parlé que flamand. Ils étaient assez impressionnés et ravis de parler leur langue. J’ai aussi branché mon mp3 à la sono, ce qui déplaisait fortement aux locaux. On a bien ri.

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Au réveil, Jarno me demanda de jeter un coup d’œil à sa moto car son moteur s’arrêtait tout le temps. As de la mécanique, je réglais ce problème en un tour de vis à ralenti. Ils me remercièrent et nous nous quittâmes. Ces superbes paysages d’arbres morts me suivaient encore pendant une quarantaine de kilomètres. L’asphalte refit son apparition ce qui me permit de me diriger vers la frontière du Vietnam, mon but étant d’emprunter un chemin la longeant pour arriver à ma destination. Ce chemin n’existait apparemment que sur ma carte. J’ai donc fait un trajet de 100 km pour rien. Pas tout à fait, car la route était sinueuse et montagneuse, telle la montée (ou descente) pour la station de Tignes. Bref, que du bonheur en réalité. Sur le chemin retour de longues lignes droites vides de toute circulation s’offraient à moi. Je me rend compte après une trentaine de kilomètre que la moto perd de l’huile par le filtre air et commence à toussoter. Merde! Mais grâce à mon passé de jeune motard, je me souviens que lorsque je roulais en Honda MTX 50cc, ma mobilette faisait de même lorsque je roulais plein gaz sur une longue distance. La raison:  la sur-quantité d’huile arrivant dans le carburateur n’arrive plus à se mélanger complètement à l’essence et doit trouver alors un chemin de sortie, le filtre à air dans mon cas. Le filtre à air ayant épongé une grosse quantité d’huile, il n’y a plus assez d’air qui rentre dans le moteur. Je décide de retirer le filtre et le problème était réglé jusqu’à ma destination finale de la journée : Thakkek.

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Thakkek, n’est qu’une étape de passage pour manger et dormir. J’en profite pour plonger le filtre à air dans un bain d’essence pour le nettoyer. Il sèche en 25 minutes. Le voilà comme neuf. Je vais aussi à un petit garage pour tendre ma chaine qui s’était bien desserrée avec tous les chemins à bosses de ces 2 derniers jours. 50 cents pour la main d’œuvre. Les Laos ne voient jamais de grosses motos comme la mienne. Ils prennent des photos et posent avec moi. Marrant. Après le repas, je rentre à la guesthouse où la tenancière tient à tout prix à me marier avec sa fille absente qui étudie à la capitale. Au début, c’était comique, mais quand j’ai vu la photo de sa fille, je rigolais moins. Elle avait la tête de Bruce Lee avec la mâchoire de Stallone et semblait avoir un problème gastrique lors de la prise de vue. Sa mère insistait tellement. Elle lui a même téléphonée et me la passée pour que je discute avec elle. Au bout du fil, personne, juste une petite voix à peine compréhensible qui poussait des petits cris en guise de parole. Bref, je vais me coucher maintenant, dis-je à la madre.  Au réveil, elle était encore là à me parler de sa fille en me disant que je serai son futur beau-fils. Je m’encoure aussitôt. A peine remonté sur ma monture, mes fesses me rappellent à quel point ça fait mal d’avoir une selle entre les jambes pendant 2 journées entières. C’est là que les paroles de ma chère maman surgisse dans mon subconscient : “tu dois porter un cycliste avec une peau de chamois”. Comme j’ai déjà vendu ma mère à l’épisode précédent pour une Leffe, je vendrai bien… heu… Benito pour cette putain de peau de saloperie tout près de mon trou de …

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Je parcoure 125km sous un soleil de plomb jusqu’à Savanakhet. Il fait tellement chaud que je décide de rouler torse poil. Quel pied! Je me mets parfois debout sur mes cale-pieds, me rendant très grand et très visible sur cette route où il ne se passe jamais rien. Le autochtones me regardent comme si j’étais un martien. Je les fais rire du moins. Je m’arrête de temps à autre pour m’hydrater. Je photographie un lao qui porte un t-shirt avec une inscription française incompréhensible. Si vous trouvez la signification, transmettez la moi. Je serai ravi de résoudre cette énigme. Arrivé à destination, je fais le tour de la ville. Je visite le musée des dinosaures de 45m², je vais prier à l’église chrétienne et trouve une guesthouse à l’hygiène reprochable. Après un petit repas très local (poisson frit et riz collant) sur un resto flottant sur le Mékong suivi de mon digestif préféré, 2 tequilas, je rencontre Angel et Jane ( Scottish), Nina (Holland) et Jeff (New York, pas très futé). On va boire un verre et on rencontre Arnold (Hollandais pervers qui adore Pattaya et ses péripatéticiennes et qui voyage aussi à moto), Amélie (France) et Mourad (Turquie) un couple qui voyage en Asie à vélo depuis 15 mois, ainsi que 2 israéliennes dont j’ai oublié le nom. On retourne tous à ma guesthouse pour écouter de la musique et faire les imbéciles, l’alcool aidant. Ah, j’oubliais, c’était la saint Nicolas ce jour là. Le ricain veut aller au casino mais je décline son invitation et tout le monde me suit, comme d’hab :-) Dodo.

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Le petit déjeuné sera composé de pâtisseries locales, certaines meilleures que d’autres et je reprend la route pour le plateau des Bolovens et ses chutes d’eau. Je passe par des tout petits chemins de terre rouge m’arrêtant de tant à autre dans des villages d’autochtones qui aperçoivent, à coup sûr, pour la première fois un Falang (nom donné aux blancs) et sa grosse moto. Je fais à nouveau l’imbécile pour les faire rire, je dance sur ma musique, sors ma guimbarde et son bruit bizarre et prend de superbes photos, après les avoir mis en confiance, avec les enfants autour de l’engin en leur demandant de lever le pouce et de poser un genoux à terre. Un autre moment de vie! Fin d’après midi, j’arrive aux chutes d’eau. Photos et guesthouse.  5 minutes d’internet qui n’avancent pas. Ca m’énerve. J’arrête. Je retourne à la guesthouse où je fais la rencontre de Carine et Jo, des Autrichiens de Graz, là où j’avais ouvert un Chi-Chi’s il y a 2 ans. Il y avait aussi Sophie et Benjamin, des bruxellois de Wolowé, (oui oui, le monde est petit) et Rith, un jeunot petit bourge d’Australie qui pompe du fric aux parents pour voyager (mais sympa quand même). Nous avons roulé nos rouleaux de printemps tous ensembles pendant que Po, le tenancier nous préparait 2 sortes de poulets en sauce. Crevé, je vais dormir à 21h.

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On déjeune ensemble et je pars vers Pakse à 50 km au sud, tout près de la frontière Cambodgienne. Arrivé, je dois malheureusement laisser la moto. Les 5 jours de location sont terminés. Snif snif. Guesthouse, douche, balade, achat casquette, photos, et MASSAGE. Quel pied! Un massage aux huiles essentielles pendant 1 heure pour moins de 6 euros. Et je peux vous dire que ce sont de vrais masseuses qui savent vous détendre (sans arrières pensées). Je suis sorti de là tellement zen, que je me suis senti motivé pour écrire cet article après avoir dévoré une délicieuse pizza jambon, champignon et fromage ultra pimenté par mes soins. Car je ne sais plus manger un plat sans piment. J’y ai pris gout, tout comme à ma vie actuelle…

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6 heure du matin, je suis prêt et prend un tuk-tuk pour la gare de bus. Direction : les 4 milles iles à l’extrême sud du Laos. Le Mékong à cet endroit s’éclate en 4 milles petites iles et offre aux voyageurs des paysages paisibles et reposant. Parfait pour me préparer psychologiquement à mes 14 heures de bus pour Siem Reap au Cambodge (le temple d’Angkor, merveille du monde). Je prend un bungalow du coté sunset. Il est à peine 11h30. Je rencontre Peth, un allemand qui semble être en phase terminale d’un cancer ou d’une maladie dégénérative. Il vit  la depuis 6 ans maintenant et est accompagné en permanence d’une femme lao sourde et muette, son assistante d’après lui. Il en est déjà à son 5ième ou 6ième verre de Lao-lao, alcool de riz de plus de 55%, et parle difficilement anglais. Je vais me baigner dans le Mékong car il fait plus de 33° rejoignant un petit ilot à 200m à contre courant. Sur le retour, j’avais l’impression de nager à du 25km/h emporté par le sens du courant à ne surtout pas sous estimer. Bon nageur, je rejoignais la berge sans trop de difficultés sous les regards inquiets des touristes et admiratifs des enfants. Ceux-ci, voyant que je n’avais pas froid aux yeux, se sont jetés à l’eau avec une chambre à air de camion pour m’inciter aux jeux. Pendant près d’une heure, j’ai joué avec eux, faisant l’imbécile pour les faire rire, imitant le requin pour les attirer par le fond en leur attrapant les mollets. Des touristes curieux s’approchaient du bord et rigolaient de cette scène innocente, mais tous déclinèrent mon invitation lorsqu’il s’agissait de se mouiller. Au final, je me suis allongé sur l’avant d’un bateau à fond plat prenant mon premier bain de soleil depuis mon départ. J’ai cuit pendant 20 minutes. Impossible de rester plus longtemps. Au resto de la guesthouse, je rencontre 2 australiens qui viennent d’arriver et qui comptent aller au nord. Je leur raconte mon parcours en l’illustrant de mes plus belles photos. Il n’a pas fallu 5 minutes pour qu’ils décident suivre exactement le même chemin que moi mais en sens inverse. Le soir, je dégustais avec 2 français, Peth l’allemand et son assistante, une fondue de poissons fraichement péchés dans la matinée. Jusqu’ici, de loin le meilleur repas depuis le 15 novembre, date de mon départ. Demain sera une longue journée de bus jusqu’à Angkor.

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C’est ma dernière étape avant de quitter ce pays magnifique qui m’a poussé involontairement à l’introspection quant à l’impact sur notre mode de vie occidental. L’utile et le futile. La vie à un sens, celui que l’on désire lui donner. La consommation à outrance, maladie typique de chez nous, ne trouve pas sa place ici. Peu importe que vous ayez une plus jolie maison que votre voisin, ce qui compte, c’est le respect de la terre et de ce qu’elle vous offre. J’ai le sentiment d’être au crépuscule d’un état d’esprit apercevant l’aube bienfaitrice d’une mentalité nouvelle.

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Prochain épisode, le Cambodge.

Mon parcours au Laos

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