26 juillet 2011

Dix jours au paradis

Les iles Fidji, une histoire d’amour entre l’océan pacifique et la terre. Cette destination paradisiaque quasi inatteignable se transformait pour ma part en rêve éveillé. Je l’évoquais souvent comme la pause de mon aventure ou les vacances à l’intérieur des vacances. 

Jour 184. Nadi, île principale. Réveillé à l’aube, je m’empresse de me diriger sur la plage pour m’imprégner des premières lueurs du jour. Bercé par les plus grands chefs-d’œuvre du classique, je parcours quelques kilomètres en courant le long des ondulations océaniques laissant derrière moi des empreintes éphémères rapidement lissées par la grande bleue. J’étais fin prêt pour embarquer à bord de mon premier bateau en direction de Mana, la première des 4 îles que j’allais visiter. Sur le pont avant, je laissais ma peau absorber la rage du soleil atténuée par la douceur du vent iodé.

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A peine débarqué, je brisais ma tirelire pour explorer les fonds marins avoisinants. De grandes promesses sur la richesse de la faune et la flore aquatique entourant l’île m’avaient convaincu de suivre mon guide fidjien, mais la déception fut lourde car mis à part un petite tortue de mer, je n’eu le plaisir que d’observer mes bulles d’air remonter à la surface. Je rencontrais par la suite un groupe de quatre français qui concourraient avec moi dans l’absorption d’alcool. Un veilleur de nuit me réveillait vers les trois heures du matin sur la plage alors que mes pieds discutaient avec la marée montante et mon corps avec les puces de sable.

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Pour contrer cette lourde gueule de bois, j’allais nager et, en compagnie de la francophonie, nous nous défiions à l’apnée. Les lois de la physique sont surprenantes. Plus vous descendez, plus la pression exercée sur l’air dans vos poumons est forte et plus vous prolongez votre temps d’immersion. L’un d’entre eux était un adversaire de taille. Nous touchions le fond à dix mètres sans palmes et y restions encore une bonne vingtaine de secondes à "discuter". Une soirée identique à la veille s’en suivait.

Après deux bonnes heures à naviguer sur de paisibles flots, je posais le pied sur Beachcomber.

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Cette île définie comme l’île de la fête n’aura eu l’honneur de ma présence que pour une seule après midi et une nuit. Sa grande particularité géographique est sa petitesse. En cinq minutes et en marchant calmement, vous en faites le tour. Je rencontrais de nombreux allemands, beaucoup d’allemands sur cette île mais aussi José, un espagnol qui voyage dix mois par an chaque année. De quoi vous jalouser. Armé de mes boules Quies, j’allais rejoindre Morphée dans un dortoir de cent vingt lits.

Grâce aux bons soins de Max Delvaux, je voguais vers Kuata.

Sur le bateau, je fis la rencontre improbable de Arni, l’allemand en couple croisé au beau milieu du bush australien avec qui j’eu le plaisir de partager un cubi de vin rouge autour d’un bon feu de camp.

Accueilli chaleureusement en chantant par les membres du village, je sentais que cette île allait être de loin la meilleure de toute.

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En effet, le cava se consumait en quantité ici et procurait un effet assez similaire à une bonne indigestion. Je décidais d’en rester là avec ce jus de racine illicite au gout de terre. Je me liais très facilement d’amitié avec tout le staff et chacun d’eux connaissait mon non. Il faut dire que Nico est un nom très fréquent aux Fiji. Une nuit de pleine lune au reflet ondulé par l’océan une délicate féminité m’accompagna sur la plage pour contempler le vide infini de l’univers.

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Au réveil, nous partions en snorkling pour nager avec mes amis les requins de récif. Le guide captura un poisson et grâce au parfum de sa chair, il attirait les requins. Ayant vu ma capacité à rester longuement sous l’eau, il me proposa de le suivre, attrapa un requin et me laissait effleuré son épiderme.

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Dimanche, jour d’église sur l’île voisine. On me proposa de les accompagner et j’acceptais avec grande curiosité. Je pénétrais un village local dépourvu de tourisme. C’est une vie simple qui rythme leur quotidien : pêche, sieste, cuisine, musique, cava. On me proposait de visiter une humble petite maison. Pas de meuble, pas de lit, juste un tapis au sol et des coussins jaunis dans un espace de moins de vingt mètres carré. L’électricité du village provient d’un générateur rugissant de dix huit heures à vingt. En ce jour saint, le village arborait ses habits les plus étincelants et les enfants en avance sur les adultes chantaient déjà dans l’église vide. Comme par enchantement les bancs se remplissaient et une fois le dernier venu installé, le chœur entonnait son premier cantique. J’étais le seul extra terrestre dans cette maison de Dieu et pourtant on me soignait comme un prince. Une bible flambante neuve en anglais atterrissait dans mes mains et les paroles des chansons écrites en fidjien figuraient dans cet autre ouvrage qui semblait cinquantenaire. J’assistais à un spectacle éblouissant ; une messe vivante et souriante ouvrait une voie directe jusqu’au seigneur. Même si je ne comprenais rien de leur langage, je me laissais emporter dans la prière atteignant une profonde quiétude intérieure. Le représentant de Dieu termina l’un de ses psaumes en me remerciant personnellement d’être présent en sa maison et les fidèles acquiescèrent par un amen en chœur. A la sortie de l’église, tous tenaient à me serrer la main en se présentant. J’étais vraiment très ému.

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Malheureusement mes prières ne semblaient pas adoucir le mauvais sort jeté contre moi. A nouveau, mon appareil photo reflex rendait l’âme me plongeant dans une profonde déprime matérialiste.

De retour sur ma plage paradisiaque, je ne me lassais jamais de rigoler avec l’équipe si chaleureuse. Spanty, une grande et assez massive Fidjienne s’amusait à contempler le dégout dans mes yeux chaque fois qu’elle lâchait un pet énorme. Elle me disait ensuite que c’était sa façon d’exprimer ses sentiments à mon égard. Pour mon dernier soir, j’eu l’honneur d’assister à un spectacle de danses traditionnelles arrosé largement de cava qu’on me forçait à ingurgiter.

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C’est avec une grande tristesse que je m’éloignais de ce paradis pour me diriger vers l’île de Korovou.

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Une grande baie de sable blanc pointait en son centre le petit domaine de vacance qui m’hébergera mes trois derniers jours. J’en profitais pour pêcher en mer et savourer mon butin le soir même ; les parties de volley ball furent fréquentes ainsi que les escapades en snorkling à observer passivement la vie aquatique luxuriante. Je bronzais activement mon épiderme sachant que l’avenir proche ne me le permettrait plus. L’activité la plus impressionnante fut la nage avec les raies Manta. Hallucinant ! Je nageais avec elles et j’osais toucher la plus grande. Ses ailes déployées, elle atteignait six mètres d’envergure. Je regrette de n’avoir aucune image de ce moment de vie. Une grâce et une beauté qui hantent vos rêves pendant plusieurs jours. Je profitais intensément de mon dernier couché du soleil et des milliards d’étoiles scintillantes avant d’embarquer pour un très long voyage vers le continent américain.

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Dix jours, seulement dix. J’aurais pu y rester dix mois. J’ai partagé mon temps entre la lecture, la musique, la révision de mon espagnol, la beuverie, la bonne cuisine, le bronzage, la baignade, la sieste et l’émerveillement. J’avoue que parfois j’enviais les couples d’amoureux se baladant main dans la main et fleuretant lancinant dans des hamacs à l’ombre des cocotiers. Mais ma solitude m’apportait bien plus de rencontres que je n’aurais pensé. Des touristes bien sur, mais de nombreux locaux surtout qui m’accordaient certains avantages amicaux. J’ai eu la chance de vivre au rythme de la nature et je pense qu’elle m’a fait cadeau de certains privilèges.

C’était une histoire d’amour.

Bula.

 

MON PARCOURS AUX FIJI

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9 juillet 2011

Des fourmis dans les jambes

Jour 163 de mon voyage. On est mardi, le 26 avril 2011 et il est 22h30 lorsque j’atterri à Christchurch, île du sud, Nouvelle Zélande. L’hiver prenait racine. J’avais pris soin de me connecter sur Couchsurfing auparavant et je me dirigeais chez Josias qui avait répondu favorablement à ma demande d’hébergement. Je logeais dans le salon d’une maison d’étudiants fort amicaux. Inconsciemment, j’étais entré dans un mode sportif à outrance et ce fut avec grand plaisir que j’allais courir avec deux d’entre eux découvrant les nombreuses infrastructures sportives de la ville. Malheureusement, j’apercevais avec frayeur les dégâts causés par le tremblement de terre de février. Cette ville qui en image affichait toute sa splendeur, n’était plus qu’un amas de débris et de bâtiments scellés. Le froid et l’ambiance morose m’incitaient donc à m’échapper au plus vite, non sans refuser de participer à une petite sauterie organisée par mes jeunes hôtes. Une soirée déguisée à bord d’un bus parcourant la ville de bar en bar.

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D’une seule traite, je traversais l’île du sud à bord d’un Intercity coachline pour me rendre à Queenstown. En chemin, nous faisions plusieurs haltes afin d’admirer les somptueux paysages.

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Je fis aussi la connaissance de Corinne King, une australienne avec qui je passais quelques jours à profiter des petits plaisirs de la vie. Les Milford Sounds sont de magnifiques fiords tout au sud de l’île. Une beauté sereine et immaculée. Bien que le thermomètre indiquait quatre à cinq degrés maximum, j’allais courir autour du lac de Queenstown respirant l’odeur de la nature comme s’il fallait mourir demain. De même, j’allais me défouler à la piscine municipale. J’étais en mode ultraman.

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Je quittais mon australienne et Queenstown pour grimper le glacier Franz Josef. Une journée gâchée par une pluie torrentielle, mais une expérience intéressante.

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En longeant la côte ouest, je fis une halte à Westport. Cette petite ville n’a rien de particulier mais la douceur de l’air iodé et le vélo prêté par l’hostel me permirent de me détendre et de rêvasser. Je prenais soin d’envoyer un beau bouquet de roses à ma mère pour sa fête et encore une fois, j’allais battre des records à la piscine communale.

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Toujours plus au nord, je m’établissais à Nelson. Dès l’aube, j’allais courir une bonne heure sur le Waterfront et rechargeait mes batteries en absorbant un délicieux porridge. J’en étais devenu accroc. Je désirais absolument visiter le parc national avoisinant mais la météo en avait décidé autrement. Une pluie abondante s’était invitée et ne désirait plus quitter la ville pour les prochains jours. Déçu, j’optais donc pour prendre le ferry et rejoindre Titou à Wellington sur l’île du nord.

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À peine débarqué du ferry, je me rends compte que mon bâton de pèlerin manque à l’appel. Ils l’avaient égaré dans la soute à bagage. J’étais furieux. Ce souvenir transporté depuis le volcan Rijani en Indonésie était devenu mon plus fidèle compagnon. Je l’arborais fièrement partout où j’allais et j’étais fier de raconter son histoire à tout un chacun. Ma journée était gâchée. Mais mon ange gardien en avait décidé autrement. Un membre du personnel de la compagnie maritime courait me retrouver dans la rue et me le présenta telle une épée tendue vers son roi. Ma journée allait être belle finalement.

Titou me rejoignait. Afin de le remercier pour sa chaleureuse invitation, j’offrais le repas à toute la collocation. Il vivait dans une adorable maison adossée à la montagne en présence d’Elisabeth, Sarah, Hema et Wilma ; entouré que de femmes. Au total, je restais sept jours à Wellington m’imprégnant de la culture et du mode de vie local. Ce furent aussi sept jours de sport intense : course à pied, natation, course à pied, natation… Je transpirais des litres, je maigrissais, mon corps se transformait. Je me préparais aussi matériellement et psychologiquement à mon immersion linguistique sur le continent américain. Je téléchargeais et imprimais un Assimil espagnol car ma prochaine étape serait les îles Fiji pour dix jours de repos. J’avais donc encore une fois tout préparé pour mettre à profit ces journées moles sous un soleil de plomb et réviser mes bases d’espagnol pour arriver armé au Guatemala.

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Jour 183, lundi 16 mai 2011. Vingt jours pour visiter l’île du sud et Wellington. Un rythme frénétique à l’image de mon état d’esprit du moment. Ce pays d’une beauté particulière m’a poussé à la réflexion et à l’entrainement. Des idées que j’hébergeais sans raisons me quittaient ; d’autres au contraire s’ajustaient. Il n’y avait pas besoin d’intervenir volontairement, c’était la route qui travaillait pour moi. Je remarquais aussi que le nomadisme rend sensible aux saisons : on en dépend, on devient la saison même et chaque fois qu’elle tourne, c’est comme s’il fallait s’arracher d’un lieu où l’on a appris à vivre. Mon voyage a pris une tout autre tournure et je m’envole encore vers d’autres horizons.

 

À suivre…

 

MON PARCOURS EN NOUVELLE ZELANDE

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