Jour 230, Jeudi 30 juin 2011. J’ai parcouru dix huit heures de bus dans des conditions horribles : musiques hurlantes, voyageurs aux odeurs plus que nauséabondes, sièges grinçant, impossible d’allonger les jambes et un voisin ronfleur d’un dixième de tonne.
Accompagné par Douglas, un Nicaraguayen vivant au Mexique, je découvrais ma première escale dans ce pays. León est une ville coloniale aux allures délabrées. Venant d’Antigua où tout est immaculé, j’affrontais les graffitis et les senteurs putrides à chaque coin de rue, néanmoins un charme certain s’en dégageait. Il me fallu quelques jours pour l’apprécier. Je m’empressais de me trouver une chambre pour m’établir et rejoindre Morphée avant de parcourir la ville de soirée. Sa plus grande fierté est sa cathédrale, la plus grande d’Amérique centrale paraît-il.
Une des plus grandes activités est le Volcano Boarding. Je la réservais donc pour le surlendemain et me rendais en bus surpeuplé sur la côté pacifique pour jouir des rayons du soleil et des vagues imprenables. Je rencontrais un groupe de huit françaises en volontariat et admirions les meilleurs surfeurs du monde : les pélicans.
En chemin pour le volcan Cerro Negro, le camion transportant le groupe de touristes attirés par le volcan boarding nous retarda d’une bonne heure dû à une panne inexpliquée. Le groupe se hissait non sans peine au sommet du volcan pour ensuite descendre à toute allure sur nos planches de bois. Une montée d’adrénaline absolument pétrifiante.
Je sentais comme une poussée de fièvre faisant son apparition. J’ingurgitais une bonne dose de mes médicaments thaïlandais précieusement économisés, et bien qu’efficaces, je passais une nuit horrible à transpirer extirpant la maladie de mon corps. La journée suivante, je ressemblais à un zombie errant à la recherche de nourriture saine et vitamines naturelles. Je dormais presque toute la journée.
Encore faible, je quittais León pour Granada. Un trajet en minibus jusqu’à l’horrible capitale de Managua et un autre minibus jusqu’à Granada. Waow ! Quelle beauté ! Une ville coloniale précieusement conservée, tout en couleur et dégageant un bien-être collectif. Je resterai quatre jours à m’imprégner de ses délices. Je me baladais jusqu’au lac Nicaragua ; je prenais le temps d’écrire mes articles sur l’Australie et la Nouvelle Zélande ; je me faisais détartrer les dents pour dix euros ; je profitais à multiples reprises de la piscine d’un hôtel étoilé ; j’aimais l’onctuosité du jus de pitaya ; je faisais la connaissance de Jeff, un flamand très sympathique, que je rencontrerai par hasard plus au sud ; je m’exaltais des clichés volés au marché et je n’arrêtais pas de rencontrer des locaux avec qui je pratiquais mon espagnol. Cette ville n’était que bonheur.
A la découverte de la laguna de Apoyo, un cratère de volcan contenant une eau d’une pureté cristalline, je logeais à la Spanish school payant seize dollars la nuit. Quel vol ! Je décidais de rester qu’une seul nuit. Néanmoins, je rencontrais Fabienne, la prof de math québécoise, avec qui j’eu le plaisir de m’exprimer dans ma langue maternelle, ce qui ne m’était plus arrivé depuis des lustres.
De longues heures en taxi et en bus pour arriver enfin à San Juan Del Sur. Je rencontrais Thomas (parisien sympathique) et nous décidions de diminuer les frais en partageant une chambre ensemble car cet endroit était infesté de touristes et par conséquent les prix s’envolaient. Après avoir fait connaissance avec les jeunes tenanciers de l’hostal et de ses hôtes, nous nous envolions à la conquête des bars de la plage dégustant Nica libre sur Nica Libre (=Cuba Libre mais avec un délicieux rhum fabriqué au Nicaragua). Je rencontrais Jeff le flamand et finissais endormi sur la plage déserte.
Je tentais de quitter cet attrape-touriste qu’était San Juan Del Sur mais la météo était contre moi. Je comptais me rendre sur la plage Hermosa à quinze kilomètres au sud mais le chauffeur de taxi dût faire demi-tour car le niveau du rio (rivière) était trop haut et impossible à franchir. Retour à la case départ. Je noyais mon échec dans une seconde soirée encore plus scandaleuse que la veille finissant quasiment nu dans le pacifique accompagné par quatre américaines, une française, un suédois et un hollandais. Très érotique. Je n’ai aucune photo à publier !
Sans avoir fermé l’œil, je sautais dans mon taxi aux premières lueurs du jour pour me rendre sur ma plage déserte. Le rio était bas et donc franchissable mais nous étions quand même précédés d’un tracteur qui tamisait le lit du court d’eau dévasté par les intempéries de la veille. Sur place, j’avais un rictus incontrôlable en découvrant la vaste étendue désertique qui s’offrait à moi. Il n’y avait pas un chat. Cette plage n’était que pour moi et je comptais bien en profiter. Bien sur, quand tout semble parfait, il y a toujours une note qui sonne faux. Le soi-disant hôtel/cabane n’était pas terminé. Pas de fenêtres, pas de matelas, pas de moustiquaire. L’édifice était superbe et je me disais : peu m’importe les moustiquaires ou matelas, je fais confiance à mon anti-moustique et je dormirai dans un hamak. Le tenancier me laissa donc à la tombée de la nuit avec ma propre conscience et je dégustais le silence, la houle, les milliers d’éclairs sur l’océan ET la fureur des moustiques.
Résultat, deux piqûres sur les lèvres et une dizaine sur le visage. L’expression du gérant lors de mon apparition matinale fut digne d’un film d’horreur. Je n’avais qu’un miroir de poche pour contempler mon reflet cousin de Frankenstein. L’après midi, je prenais mon premier cours de surf de ma vie et mon instructeur admirait l’aisance avec laquelle je me dressais après deux essais sur ma planche. J’observais néanmoins la condition physique nécessaire à ce sport magnifique qui me procurait des courbatures pour les trois jours suivant. Je déclinais l’invitation du tenancier à rester une nuit supplémentaire et retrouvais l’hostel de San Juan Del Sur pour ma dernière nuit au Nicaragua.
Jour 246. Seize jours après mon entrée au Nicaragua, je me préparais à passer la frontière du Costa Rica. Lessive, food, taxi. Me voici à remplir les papiers de la douane me demandant ce que l’avenir me réserverait.
J’aime ma vie d’aventurier !
MON PARCOURS AU NICARAGUA
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